Unecitation de Dostoïevski proposée le vendredi 01 décembre 2006 à 00:00:00 Dostoïevski - Ses citations Citations similaires. Il y a énormément de gens qui sont malades () de leur santé, je veux dire de leur certitude démesurée d'être des gens normaux, et qui de ce fait, sont imbus d'une terrible prétention, d'une effrontée satisfaction d'eux-mêmes.
Discoursde réception de Jean d'Ormesson, le 6 juin 1974. Discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de la plaque apposée sur la demeure d'Henry de Montherlant, le 21 avril 1975. Réponse au discours de réception de Marguerite Yourcenar, le 22 janvier 1981. Réponse au discours de réception de Michel Mohrt, le 27 février 1986
Lécrivain Jean d’Ormesson, disparu dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017, à l'âge de 92 ans, aimait la vie et parlait de la mort qui est au bout "grâce à Dieu". "Il semblait fait pour donner aux mélancoliques le goût de vivre", a dit Emmanuel Macron pendant l’hommage national qui lui a été rendu aux Invalides.
Letrain de la vie de Jean d’Ormesson. À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train.
En2009, il publie coup sur coup deux ouvrages, L'Enfant qui attendait un train, un album jeunesse, et Saveur du temps, le deuxième tome de ses chroniques au Figaro. En avril 2015, Jean d'Ormesson rejoint la prestigieuse collection de la « Pléiade ». À près de 90 ans, il est le seizième auteur à y entrer de son vivant, après le poète
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Jevous propose de commencer la journée avec ce texte inspirant de Jean d'Ormesson ! « À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on
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A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos on croit qu’ils voyageront toujours avec à une station, nos parents descendront du train,nous laissant seuls continuer le voyage…Au fur et à mesure que le temps passe,d’autres personnes montent dans le ils seront importants notre fratrie, amis, enfants,même l’amour de notre démissionneront même l’amour de notre vieet laisseront un vide plus ou moins seront si discretsqu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,de bonjours, d’au-revoir et d’ succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagerspourvu qu’on donne le meilleur de ne sait pas à quelle station nous vivons heureux, aimons et pardonnons !Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train,nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage…Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage merci d’être un des passagers de mon si je dois descendre à la prochaine station,je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. » Jean D’Ormesson
Eté 2012, sur sa terrasse de Saint-Florent, en Corse, avec Jean-Marie Rouart. © Kasia Wandycz 22/09/2013 à 0845, Mis à jour le 05/12/2017 à 0813 Le plus ouvert des patriarches de la littérature française était aussi le plus secret. Pour son ami Jean-Marie Rouart, il avait tombé le masque en 2013. Jean-Marie Rouart. Vous êtes un phénomène atypique dans la société d’aujourd’hui, qui pourtant ne cesse de vous fêter, alors que socialement, culturellement, politiquement vous incarnez l’élite de l’élite et semblez en rupture avec elle. Etes-vous une exception dans l’exception française ? Jean d’Ormesson. Je crois profondément à l’égalité entre les êtres humains. J’ai eu de la chance dans la vie. Quand j’étais jeune, le mot “élite” me faisait rire et le seul mot de “réussite” me paraissait louche. Il me semblait qu’il y avait mieux à faire que de “réussir”. La réussite m’a rattrapé. J’y attache très peu d’importance. Ce qui compte, pour moi, ce sont les livres. Cette société actuelle vous l’aimez, bien qu’elle semble si différente de vous ? J’ai souvent envié le sort de ceux qui vivaient à Athènes au temps de Périclès. Mais le siècle de Périclès, entouré de tant de génies, est aussi l’époque de l’effroyable guerre du Péloponnèse. La société d’aujourd’hui manque sans doute de hauteur, de grandeur et de sens du prochain. En France, surtout, et en Europe, nous ne vivons pas une grande époque de l’Histoire. Je m’arrange de ce temps qui, comme par un miracle toujours renouvelé et en dépit de ce que nous appelons le “progrès” – et je suis de ceux qui y croient –, n’est pas meilleur que les autres. Mais pas pire non plus. Une sorte de moyenne et de médiocrité. La suite après cette publicité Qu’appréciez-vous le moins en elle ? L’imposture, relayée le plus souvent par la mode et élevée à la hauteur d’un sport national. J’ai souvent le sentiment qu’en politique, en art, en littérature, dans la vie quotidienne, on veut nous faire prendre les vessies pour des lanternes. La suite après cette publicité Etes-vous favorable au mariage pour tous ? Je suis pour l’extension aux homosexuels de la quasi-totalité des droits civiques, moraux, matériels, financiers qu’ils réclament à juste titre. Ma réserve à l’égard du “mariage pour tous” – quelle formule ridicule ! – est purement grammaticale. Les mots ont un sens. Le terme “mariage” a un sens précis. Il aurait fallu, comme en Allemagne, trouver un autre nom. Considérez-vous qu’il faille punir la Syrie ? Je crois qu’il est inutile et qu’il ne convient pas d’ajouter encore au malheur des Syriens. Je suis horrifié par Bachar El-Assad et, en même temps, sceptique sur les forces qui pourraient le remplacer elles me paraissent très proches de celles que nous avons combattues en Afghanistan et au Mali. La suite après cette publicité La suite après cette publicité Vous aimiez beaucoup Mitterrand, vous étiez très favorable à Sarkozy. Que pensez-vous de Hollande ? Hollande a pour lui une faible majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et il a contre lui une forte majorité de Français, excédés par les impôts, par les promesses non tenues, par l’insécurité, par le laxisme de la Place Vendôme et par l’incohérence et les perpétuels louvoiements du évoquez votre famille dans votre dernier livre. Celui dont vous parlez le moins, c’est votre père… J’ai beaucoup parlé de mon père, républicain, démocrate, janséniste, dans mes livres précédents. Nos relations étaient tendres et confiantes. Mais mon père est mort persuadé que j’étais un voyou. Ma conduite, l’idée que je me faisais des plaisirs de l’existence et des moyens pour y parvenir et, surtout, un épisode de ma vie sentimentale l’ont désespéré. C’est un remords dont j’ai parlé dans “Qu’ai-je donc fait”. Avez-vous reçu des gifles ? Des fessées ? Les fessées m’étaient données – dans les cas les plus graves, avec une brosse à cheveux – par ma gouvernante allemande que j’adorais et qui s’appelait Lala. Ni mon père ni ma mère n’ont jamais levé un doigt contre moi. Une fois, pourtant, j’ai reçu une gifle – assez douce – de mon père. C’est mon souvenir le plus ancien. Je dois avoir 6 ans. Je suis au balcon de la légation de France à Munich lorsque je vois passer, sous des drapeaux rouges frappés d’une sorte de croix noire et bizarre sur un centre blanc, un cortège de jeunes gens qui chantent – très bien – sous les applaudissements de la foule. Je me mets à applaudir moi-même. Et mon père me flanque une claque. En avez-vous donné à votre fille, Héloïse ? Avez-vous été un bon père ? Ai-je été un bon père ? J’ai pour ma fille une tendre affection septembre et même de l’admiration. Mais je crains d’avoir été un père guetté par le narcissisme et plus préoccupé de mes manuscrits que de ma fille, entièrement élevée par une mère digne de tous les éloges. Je n’ai évidemment jamais donné de fessée à ma fille. Dans votre livre, vous évoquez le château de Saint-Fargeau. Vous-même, vous sentez-vous aristocrate ? La généalogie, les quartiers de noblesse, ça vous intéresse ? La réponse aux deux questions est non. Cela dit, je suis fier de ma famille. Il s’agit simplement, dans les limites du possible, de ne pas en être trop image, votre légende, c’est le bonheur, un insolent bonheur. Pourtant, vous avez bien dû connaître des moments douloureux. “Il est indigne des grandes âmes de faire part des troubles qu’elles éprouvent.” Je ne suis pas une “grande âme”, mais je pense sur ce point comme Vauvenargues."L’idée de la mort ne m’occupe pas tout entier. Je l’ attends avec une humble espérance" De Gaulle a connu plusieurs fois la tentation du suicide. Et vous ? Je fais profession d’aimer la vie. Merci pour les roses et merci pour les épines. Avez-vous eu le sentiment d’être trahi ? Quand ? A quelle occasion ? Je n’ai jamais eu le sentiment d’être trahi par qui que ce soit. Ou alors, j’ai oublié. Vous êtes-vous jamais senti coupable ? Je passe la moitié de mon temps à me sentir coupable. Et l’autre moitié à oublier que je le suis. Vous avez la réputation d’être oecuménique et gentil. Vous est-il arrivé d’être cruel ? Même les gentils ont leurs cruautés. Ne jamais souffrir ou rarement, n’est-ce pas être armé pour faire souffrir les autres ? Je déteste la souffrance. Pour les autres comme pour moi. J’essaie de lutter – souvent sans succès – contre l’égoïsme et le narcissisme fréquents chez les écrivains. Pensez-vous à la postérité ? Je vis au présent. Demain est un autre jour. Je ne sais plus qui disait “Pourquoi ferais-je quelque chose pour la postérité ? Elle n’a rien fait pour moi.” De temps en temps, je rêve d’un jeune homme ou d’une jeune fille qui, trente ans après ma mort, tomberait sur un de mes livres. Vous avez eu un ancêtre révolutionnaire, Lepeletier de Saint- Fargeau, qui a voté la mort de Louis XVI ; quelle est votre part révolutionnaire ? Il y a évidemment des liens entre littérature et révolution. Tout livre digne de ce nom est, en un sens, une rébellion. Lepeletier a été au Panthéon. Et vous, en 2250, souhaiteriez-vous y être ? En 2250, en dépit de la formule de Barbey d’Aurevilly “Pour le climat, je préfère le ciel ; mais pour la compagnie, je préfère l’enfer”, je souhaiterais être au paradis. Qui, selon vous, dans les écrivains vivants, mérite d’y entrer ? Il m’est impossible de parler des vivants le temps seul jugera. Mais je m’intéresserai à ce temple le jour où les cendres de Péguy, catholique et socialiste, dreyfusard, mort pour la France et pour la République, écrivain de génie, y seront enfin déposées. Vous parlez beaucoup de Dieu. Vous sentez-vous plus catholique ou plus chrétien ? Je respecte et j’admire la religion catholique. J’espère mourir dans son sein, en croyant ravagé par le doute. Mais je me sens d’abord chrétien. Vous avez écrit que de tous les faux dieux, c’est le soleil que vous auriez pu adorer. Il y a un peu de païen chez vous ? J’aime le plaisir, le soleil, la lumière, la Toscane, les Pouilles, les îles grecques, la côte turque et les corps – y compris le mien. Je crois aussi que la vie n’est pas seulement une fête et qu’il y a au-dessus de nous quelque chose de sacré. Votre dernier livre a pourtant des accents testamentaires vivez-vous dans la conscience de la mort ? Je n’ai pas ressenti mon livre comme un testament. L’idée de la mort inéluctable est très loin de m’occuper tout entier. Je l’attends sans impatience et avec une humble espérance. La vie est peut-être faite pour apprendre à mourir, mais il faut d’abord la vivre. Dans votre roman, vous créez un beau personnage de femme, Marie. C’est aussi un livre qui véhicule beaucoup d’idées. Ce qui fait vivre les romans, ce sont les personnages Gargantua, Don Quichotte, Julien Sorel, Anna Karenine, le baron de Charlus, Aurélien – et même Arsène Lupin. Mais le roman moderne est en train de s’essouffler et de chercher des voies nouvelles. Je ne suis pas un romancier classique. Je ne suis peut-être même pas tout à fait un romancier. J’essaie de garder l’élan, l’impatience, l’attente fiévreuse du roman – qui manquaient tant dans le nouveau roman – et d’ouvrir d’autres chemins. Vous donnez le sentiment de n’avoir jamais souffert, d’être béni des dieux. Pourtant, vous avez connu récemment la maladie, la souffrance. Cela a-t-il changé votre vision des choses ? Bernard Frank, qui avait beaucoup de talent, m’a dit un jour “Tu ne seras jamais un grand écrivain parce que tu n’as pas assez souffert.” J’ai connu la souffrance, ces six ou sept derniers mois. Je ne suis pas sûr que la dose ait été suffisante pour me permettre d’accéder à la dignité redoutable de “grand écrivain” ! Comment imaginez-vous la France dans cent ans ? Je ne lis pas dans le marc de café. Toujours l’inattendu arrive. Une chose est sûre il y aura dans l’avenir des catastrophes inouïes – mais aussi, j’espère, encore un peu de bonheur. Nous avons le choix, dans l’avenir, entre une nouvelle renaissance fondée sur une science balisée par l’éthique et un retour à une sorte de Moyen Age en miettes, avec ses clans et sa brutalité et sans ses cathédrales. Il n’est pas impossible que nous entrions dans un temps d’affrontement et de violence. Mais le pire n’est pas toujours sûr. Je souhaite, dans cent ans, une France réconciliée dans une Europe unie et puissante.
jean d ormesson le train de la vie